Romano Marck : « Les membres d’AGORA Café politique ont été marqués par cet homme »
L’ITW « Grand Angle » du samedi
Romano Marck est un passionné de politique et de culture. C’est un humaniste engagé dans la vie de la cité. Il a créé récemment un club de réflexion et compte bien convaincre nos concitoyens de l'utilité de participer et d'échanger sur les sujets politiques mais pas seulement.
Dans cette interview, nous avons souhaité revenir sur la venue de Stéphane Hessel cet été à la maison Jean Vilar mais également sur ses projets à venir.
Romano Marck, pour la première opération de votre association "Agora Café politique", durant le Festival d’Avignon vous avez fait venir le célèbre Stéphane Hessel. Quel bilan faites-vous quelques mois plus tard de cet événement ?
Une rencontre extraordinaire ! Tous les membres d’AGORA Café politique ont été marqués par cet homme de 94 ans, disponible, modeste, dynamique, infatigable. Un homme intelligent et entier. Un citoyen indigné et engagé. Un exemple.
De 11h à 20h, non-stop, il nous a fait part de son histoire, de sa vision du monde passé et futur. Il nous a transmis son incroyable passion de l’Humanité, et plus pragmatiquement du Conseil National de la Résistance, de l’ONU et du texte de la « Déclaration universelle des droits de l’Homme ». Il a une véritable vision de la vie en collectivité, de l’intérêt général. Je partage cette envie de rencontrer « l’autre », de partager, d’échanger, et de défendre des valeurs, humanistes, démocratiques, et aussi « les valeurs de la République ».
Notre satisfaction a été aussi entière de voir que le thème de la journée « L’engagement citoyen » a suscité de l’intérêt puisque 700 personnes étaient présentes (Utopia, Maison du département et Maison Jean Vilar, en association avec les Editions de l’Aube). Ce format de journée en trois volet « ciné-débat, rencontre, interview-échange » sera donc reconduit. Nous tenterons par exemple de faire venir le philosophe Edgar Morin et l’économiste Thomas Piketty.
L’association par elle-même a aussi attirée l’attention. Une quarantaine de personnes nous ont laissé leurs coordonnées et ont souhaité adhérer. Stéphane Hessel a dû aussi prendre du plaisir puisqu’il est depuis devenu le parrain officiel d’AGORA Café politique.
Récemment, vous avez organisé un débat sur le cliché et/ou la réalité du clivage Gauche/Droite. Alors ce clivage, les Avignonnais le trouve-t-il pertinent ?
Après un débat au mois d’octobre sur la question de la démocratie en France, ce café politique du 17 novembre, dédié au clivage Gauche/Droite, a été pour le moins vivant (sourire). Les débats ont été houleux.
Les participants ont passé en revu de nombreux aspects de la problématique : le sentiment d’appartenance politique, la culture de Gauche et de Droite, l’histoire politique des mouvements partisans, les projets « vendus » aux électeurs mais non aboutis, la communication politique parfois mensongère, l’engagement des citoyens, le désengagement des français, le non-engagement des plus jeunes. On frôlait parfois la philosophie, je faisais mon possible pour ramener le débat à la politique. Il n’est jamais simple de faire la distinction entre faits politiques, la théorie, et le vécu. La diversité des participants génère ce foisonnement.
La vision originelle de la Gauche et de la Droite a été aussi mise en perspective, voire confrontée, avec à la vision actuelle des positions exprimées par les partis de Gauche et de Droite. Les uns étaient affirmatifs. Les autres témoins d’une confusion, on ne sait plus qui est qui. Et évidemment, il a été question de la place des élus, de leur crédit auprès des citoyens, de leur sérieux, de leurs discours pas toujours clairs ou superficiels. Ils n’ont pas été ménagés (sourire). Certains élus feraient bien de clarifier leurs positionnements et intentions, nationaux comme locaux, car apparemment même les personnes « sachantes » n’y comprennent plus rien. Et cela toujours au détriment des autres élus qui travaillent énormément et clairs dans leurs volontés.
C’est là justement que la question du fameux parti « UMPS » est arrivée ! Ce cliché dont on va entendre parler avec abondance durant la campagne des présidentielles 2012 dans la bouche des leaders de l’extrême droite (peut-être, de l’extrême gauche ?). J’ai senti une grande attente autour de cette future échéance, et surtout une envie, un besoin, de débattre. On ne s’est donc pas trompé en créant AGORA Café politique.
Quels sont vos projets durant la période à venir, riche en échéances électorales ?
Nous avons choisi d’organiser un café politique mensuel tous les troisièmes jeudis du mois. Nous aurons donc plusieurs événements à organiser d’ici le premier tour de l’élection présidentielle et des législatives. Les thèmes sont en discussion mais je peux déjà vous annoncer que les sujets liés à la crise économique, à la véracité des sondages, à l’économie sociale et solidaire, à la vie des habitants des « quartiers », au phénomène du « vote blanc », seront programmés. Le jeudi 8 décembre le thème, déjà très attendu selon ce que l’on me dit, est « La Laïcité est-elle la condition de l’Égalité ? ».
Quelque chose à rajouter ?
Oui. À AGORA Café politique notre ambition est de participer à l’éveil des consciences et à lever des clichés. Nous espérons aussi amener les citoyens à s’engager. Il est clair que la désaffection militante, aussi bien politique que syndicale, voire associative, est un phénomène central dans le développement de la crise de la démocratie. Et cela ne peut perdurer si nous voulons encore dire que la France est un pays démocratique.
8% seulement des français sont syndiqués (2 fois moins qu’au milieu du 20ème siècle), le plus bas taux d’Europe (contre 28% en Allemagne, 30% en Grande-Bretagne et 87,5% au Danemark) et moins de 3% des français sont adhérents d’un parti politique (600 000 personnes au total), soit sept fois moins que dans les années 70’.
Mes amis et moi, si nous pouvions participer à inverser cette tendance sur notre territoire avignonnais, j’en serai heureux. C’est une ambition collective, rejoignez-nous !
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