samedi 7 mars 2009


comparution Patrick Mohr (encore une de ces histoires de policiers malmenés)

Dans cette affaire qui s'était déroulée en plein festival, il n'y avait bien qu'un seul mis en cause : le metteur en scène suisse Patrick Mohr, prévenu d'outrage à agents et de rébellion, qui, ce 21juillet au soir, avait pris à partie des CRS qui effectuaient un contrôle d'identité sur un musicien de couleur. Hier, devant le tribunal correctionnel d'Avignon, où cet artiste genevois était jugé, on avait pourtant le sentiment que dans l'esprit d'une large part du public, dans celui du prévenu et dans les propos de son avocat, il y avait d'autres accusés, absents ceux-ci, mais qui auraient mérité de rendre des comptes : les policiers apostrophés par M.Mohr. Discrimination? Il faut dire que ce 21 juillet au soir, après que le citoyen helvète eut laissé entendre aux policiers que leur contrôle "ciblé" avait des relents discriminatoires, ceux-ci l'avaient conduit sans ménagement au commissariat. Il les aurait injuriés, ont affirmé les policiers. Ils l'auraient laissé, selon les dires du prévenu, perclus de douleurs, après une interpellation plus que ferme. Hier, devant le président Jean Talon, on a donc largement évoqué le geste du metteur en scène. Tantôt pour affirmer, comme le procureur de la République, qu'il s'agissait d'un outrage caractérisé. Tantôt pour démontrer, avec Me William Bourdon, avocat du prévenu, que son attitude ne dépassait pas un caractère de " vigilance citoyenne" que Patrick Mohr aurait chevillée au corps. Mais on a tout aussi amplement abordé la réponse des policiers. Le procureur ne voyant en elle qu'une "procédure légale" exercée à la suite de "propos déplacés et outrageants". L'avocat, lui, n'hésitant pas à parler de "bavure policière", allant jusqu'à dénoncer des "mensonges qui ont offensé leur uniforme", retournant ainsi vers l'envoyeur l'accusation d'outrage. Police des policesAu mois d'octobre, à la suite d'une lettre de témoins ayant assisté à la scène "sidérés par la disproportion de la réponse policière", le Parquet avait d'ailleurs demandé l'ouverture d'une enquête par l'IGPN (la police des polices) qui a finalement conclu sur l'absence de "violence illégitime" de la part des policiers. Me Mouret, avocat des policiers, en partie civile, n'a pas manqué d'affirmer, dans la lancée, que "le seul qui est à l'origine des violences, c'est M. Mohr, qui est venu demander des comptes à des policiers qui ne faisaient que leur travail." Le procureur a réclamé une peine inversement proportionnelle -500 € d'amende seulement- à la durée d'un réquisitoire digne, par sa longueur, d'un procès d'assises. De quoi de faire bondir Me Bourdon, s'engouffrant dans ce grand écart pour évoquer "l'immense embarras de l'accusation dans ce dossier". Après cela, le célèbre avocat ne pouvait, de son point de vue, et arguant des témoignages à décharge entendus lors du procès, que réclamer la relaxe. Le tribunal rendra son jugement le 8 avril prochain.

pas pu y assister malgré ma décision antérieure - n'aurait rien changé, juste une unité de plus dans le soutien - parce qu'il y a non seulement cette inculpation grotesque et devenue lamentablement banale, mais l'attitude des policiers, si on se fie au témoignage de ce terrible révolté
article sur la Provence, mercredi

4 commentaires:

Nathalie H.D. a dit…

Je ne lis pas la Provence (je devrais, sûrement) et j'avais donc raté cet événement. Non, je n'y étais pas. Merci pour ton article, ça m'intéresse.

Anonyme a dit…

Merci de ces informations que la presse (nationale ou régionale) risque d' "oublier".

vincent a dit…

Bonjour Brigetoune.
Je viens rarement te rendre visite. Mais je me permets de te dire que déclarer à des policiers que leur contrôle "ciblé" avait des relents discriminatoires, c'est vraiment une phrase nulle de chez nulle et ça amène inévitablement au contrôle un peu plus poussé.
Et à la limite ça sent surtout la provocation.
Ceci dit, procéder à un contrôle systématique de l'individu de couleur ne me paraît pas une mesure juste tant que l'individu n'a causé aucun trouble à l'ordre public.
Ce qu'il faut savoir c'est que les diverses juridictions, souvent désapprouvent les contrôles à la gueule du client. Ainsi des immigrés en situation irrégulière sur le territoire Nal ont été remis en liberté sur le simple fait que le contrôle effectué n'avait aucun cadre légal.
Rhôdaniennement vôtre!

Brigetoun a dit…

je sais - et je sais que des policiers aimeraient se consacrer à leur tâche normale.
Je sais aussi que l'indignation a été plus forte parce que la personne qui a passé un sale moment pour se retrouver classiquement inculpée d'outrage à agents était un suisse bien sous tout rapport.
J'ai tout de même assisté dans le métro à des contrôles qui avaient de très net relent de controle au facies (et en ce cas le vouvoiement auquel nous avons droit cesse d'être de rigueur, euphémisme)