dimanche 18 avril 2010

Hôtels, restaurants et cafés : la complainte des "exploités"


Publié le lundi 12 avril 2010 sur La Provence

Au menu, heures sup' et périodes d'essai impayées, licenciements estimés abusifs...

Selon le président de l'Umih, le secteur regorgerait d'emplois. Il assure aussi que 95% des patrons font correctement leur métier.

Selon le président de l'Umih, le secteur regorgerait d'emplois. Il assure aussi que 95% des patrons font correctement leur métier.

Photo C.S.

Alors que le procès de la brasserie avignonnaise "Le Forum" dévoilait au grand jour des méthodes de gestion hors-la-loi, nous avons voulu en savoir plus sur ce milieu bien particulier des hôtels, cafés et restaurants.
Trois employés, qui estiment avoir été exploités et spoliés dans leurs droits, témoignent. Le président du syndicat patronal réitère son souhait de continuer le grand ménageentamé dans la profession.

1 - Joël, 49 ans, réceptionniste

Joël parle de son expérience avec une voix plutôt douce; pourtant ses yeux trahissent son bouillonnement intérieur, la rancoeur qu'il nourrit contre ses anciens patrons et ce milieu qu'il côtoie depuis toujours en tant que réceptionniste en hôtels. Même s'il est loin de la retraite, il n'a visiblement plus grand chose à perdre et s'exprime librement. Il compare même le milieu des hôtels indépendants avignonnais à une"mafia", évoquant "des gens qui achètent des établissements pour faire de l'argent sans rien y connaître. Qui se connaissent tous et qui s'arrangent entre eux. Des gens qui ne sont même pas formés au droit du travail de cette profession qui est pourtant très compliqué", et parle d'une "improvisation permanente dans leur gestion".

Un amateurisme qui aurait des conséquences lourdes pour certains employés. Il explique en avoir fait les frais."Au début, avec mes nouveaux patrons, ça se passait bien. Puis mes heures sup' n'ont pas été payées, puis les douze heures que je faisais de nuit n'étaient payées que six heures car ils estiment que l'on dort ! Ça, c'est d'ailleurs devenu un usage quasiment forcé de loi dans les hôtels 1 et 2 étoiles d'Avignon" détaille-t-il. "Mes patrons m'ont noyé sous des "ne vous en faites pas, on va s'arranger" mais j'ai fini par ruer dans les brancards et la sanction est tombée très vite. En seulement une heure, ils m'ont écarté de cet hôtel où je bossais depuis dix mois en me mettant en congés payés forcés fin décembre". L'affaire sera bientôt évoquée au Conseil des Prud'hommes.

2 - Maryline, 22 ans serveuse en restaurant

Après avoir emprunté avec succès la voie d'une école hôtelière, cette jeune femme a, elle, parcouru pas moins de 10000 km, depuis sa Réunion natale, pour trouver un job dans le milieu des "HCR". Mais, elle en est déjà dégoûtée. "J'ai été embauchée en octobre 2008. D'emblée, ma période d'essai de quinze jours ne m'a pas été payée" , témoigne-t-elle. "C'est quinze jours cadeau ! Et c'est devenu courant! Mes heures sup' aussi ne m'ont jamais été réglées soit 160 heures dans l'année durant laquelle j'ai bossé pour ce restaurant avignonnais"égrène cette jeune fille rémunérée alors 1050€ nets par mois.

"J'ai même eu des chèques de salaire sans provision !" sourit-elle jaune. "Mais c'est pas tout! La plupart de mes collègues sont déclarés à mi-temps alors qu'ils bossent à temps plein, mon patron ne m'a pas donné, après m'avoir licenciée en octobre dernier,la moitié de mes fiches de paie, ni même mon solde de tout compte et me fait du chantage. Il propose de me les donner si j'arrête la procédure que j'ai engagée devant les prud'hommes !". Maryline confie alors son envie de se réorienter vers un job d'hôtesse de l'air.

3 - Amadou, 32 ans plongeur

Il a l'air cool comme ca, Amadou. Mais au fond, il souffre. Ce Sénégalais, débarqué en France en 2005, avait pourtant eu la chance en avril 2009 d'obtenir un CDI en tant que plongeur dans un restaurant avignonnais. Mais, les mésaventures de la vie ont fait qu'il a été contraint de prendre un congé sans solde de deux mois en début d'année.

"Et puis, quand je suis revenu bosser, comme convenu, les patrons m'ont dit que je ne faisais plus partie de l'entreprise parce qu'ils estimaient que je les avais lâchés" déplore-t-il. "J'avais besoin de ce job pour payer la pension de mon bébé à mon ex-femme. Même si les conditions de travail étaient dures : en décembre par exemple je n'ai eu qu'un jour de repos par semaine et je n'étais payé que 950€ par mois". "Dans ce milieu, ce sont des diables !" conclut Amadou.

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